El Munfarijah

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La munfarijah « L’apaisement »7

« Ô celle qui contracte »8, point de gêne à ce que tu t’affermisses,
Assurément, tu finiras par t’apaiser !
Et sur ta nuit, la clarté du soleil levant t’illuminera.
L’obscurité de la nuit, éclairée par le scintillement des étoiles,
Finit par être recouverte par le Père des astres9 !

La pluie, fille des vertueux nuages,
Ne peut se déverser à moins que le Décret ait retentit !
Les infinis bienfaits de notre Seigneur, au parfum éternellement vivifiant,
Servent de pâturage aux Ames et aux Esprits !
Pars à la recherche de la Source où prend vie ce parfum,
Souhaitant qu’Elle débordera telles les vagues jaillissant des profondeurs de l’Océan !

Toutes les créatures sont sous Sa Régence,
Certaines se trouvent dans l’épanouissement, d’autres dans la constriction10.
Leur ascension et leur descente s’accomplissent par le franchissement de degrés.
Leur destinée ici-bas et leur sort dans l’au-delà
Sont assignés avec ordre et ne connaîssent point de déviation

Tant de Sagesses, tissées par Une Main qui de toute Eternité a Décrété,
Viennent coudre, avec mesure, l’étoffe dont est brodée chaque être !
Que les coutures filent droit ou en biais,
Ce n’est que par Le Maître Artisan qui les fait, avec sagesse, se tisser !
Les signes témoignant de la splendeur de ces sagesses,
Attestent qu’Il est Le Seul à tout Régenter !

Accepter le Décret Divin découle de la clairvoyance,
Aussi, vers son centre dirige tes pas !
Et si s’ouvrent à toi les portes de la guidance,
Empresse-toi d’y pénétrer et de recueillir ses trésors.
Et si tu devais ne point y entrer, assure-toi de ne point vaciller,
Afin que tu sois parmi les premiers à atteindre les stations spirituelles
Dont l’étendue ne peut être mesurée !

Dans l’Au-delà, pour celui qui, heureux, a cheminé avec droiture, la vie regorge de trésors !
Et lorsque tes œuvres entrent en léthargie, veilles à les réanimer !
La vilenie de la désobéissance envers Dieu,
S’enjolive au regard de celui qui, avec laideur se comporte,
Et la beauté de l’obéissance rayonne telle les premières lueurs du jour !

Celui qui s’avance pour demander la main des Houris,
Avec pour seule dot, son obéissance envers Dieu,
Se verra accorder parmi les plus resplendissantes d’entre elles !
Et pour parvenir à cette Obéissance, aide-toi de la crainte révérencielle,
Afin que Le Jour des Comptes, tu sois prémuni !

Récite le coran d’une voix mélodieuse et d’un cœur submergé de chagrin !
Et parcours la nuit en te penchant sur ce qu’il renferme de sagesses,
Ainsi, tu atteindras le Firdaws11 et certainement tu exulteras !
Abreuve- toi du Tasnim12 sans rien y adjoindre
Ou fais-le en n’y mélangeant qu’une autre source pure.

Louange à l’Intellect13 honoré par le don de la Guidance
Tandis que l’opprobre est le lot de celui qui a tourné le dos.
Le Livre Saint permet d’entretenir progressivement cet Intellect

Ceux qui sont pourvus de la guidance figurent l’Elite de la création,
Pendant que tout autre figure la masse.
Si tu es un homme vaillant, alors, ne redoute point le tumulte de la bataille !
Et si tu aperçois au loin le foyer de lumière de la guidance,
Montre-toi unique et élève-toi au dessus la mêlée !

Lorsque les désirs ardents de l’Âme s’attisent, les douleurs s’éveillent !
Lorsque la Belle14, souriant, laisse entrevoir ses dents jusqu’à toutes les dévoiler,
C’est alors qu’elle irradie de toute sa splendeur !
Les Secrets Divins contenus dans un écrin,
Sont précieusement dissimulés sous un voile qui les dérobe aux regards !

Celui-ci s’évertue à demeurer dans la juste mesure, et verra cet état perdurer,
Celui-là est à son antipode et sera conduit vers l’anarchie !

Que les prières de Dieu soient sur Le Bien guidé15,
Celui qui oriente les créatures de Dieu vers l’illuminé chemin !
Ainsi que sur Abou Bakr et les traces qu’il a laissées,
Dont la langue ne profère que des paroles résolues,
Omar dont les prodiges se sont manifestés lors de l’histoire avec Saria16,
Othman, le bel homme aux deux lumières17, le pudique vêtu d’une pure décence,
Ali dont la science est comparable à un nuage déversant de la pluie !

Ainsi que sur les deux petits-fils du Prophète, leur mère et toute leur descendance,
Leurs compagnons, leurs proches et tous ceux qui ont suivi leurs pas sans jamais dévier
Et sur leurs successeurs les savants, dont la science nous est éminemment profitable.

Ô Seigneur, par eux et leur famille accorde-nous la victoire et apaise-nous,
Et Sois Clément, Ô Toi Le Généreux qui ne cesse de faire Miséricorde,
Envers ton serviteur qui, ô grand jamais, n’a quitté le seuil de Ta Porte !

Parachève mes œuvres par les plus vertueuses qui soient,
Afin que le Jour du Rassemblement, je sois sauvé.

Certes, je reconnais Ta Suprême Générosité
Et je te demande de m’accepter tel que je me présente ; lourd de mon fardeau de péchés.
Et si d’aventure, tes affaires se resserrent, alors proclame :
« Ô celle qui contracte », point de gêne à ce que tu t’affermisses !

(Traduction par Jamal Yakhlef et Saleh Darraz)

Commentaires :

7 – Munfarijah, étymologiquement « celle qui soulage », du terme faraja, qui recouvre tout de ce qui a trait au soulagement, à la dissipation des soucis, à la résolution de difficultés, moun désignant la chose qui permet le soulagement. Dans ce cas, il s’agit de la Qasida.

8 – Cette formulation traduit la notion de crise, ce qui provoque des déchirements interieurs. Si nous avons choisit cette expression, c’est parce que l’auteur s’adresse à ce « phénomène » comme s’il s’adressait à une personne.

9 – Allusion au Soleil

10 – Par ce terme, nous traduisons l’expression arabe haradj, qui désigne le « dérangement intérieur ». Ayant employé le terme d’ »épanouissement », il fallait en conséquence trouver un terme exprimant son contraire, puisque c’est le sens qu’a voulu donner l’auteur à ce ver. Nous retrouvons ici une caractéristique assez particulière de tout acte de traduction qui, plutôt que de rendre les termes mot pour mot, traduirait davantage le sens, afin que la cohérence du ver soit maintenue en prenant soin d’adapter le vocable arabe à la sémantique de la langue française.

11 – Le Firdaws désigne le plus haut degré du paradis, à propos duquel le Prophète Muhammad disait : « Lorsque vous demandez à Dieu, demandez-Lui le Firdaws »

12 – Source du Paradis

13 – Aql, intelligence spirituelle de l’homme

14 – Ahsana

15 – Le Prophète

16 – Un jour, Sidna Omar, du haut de son Minbar, interrompit son prêche pour s’adresser à Saria qu’il avait envoyé en expédition dans une région du Cham (ancienne Palestine). Ce dernier n’étant pas en présence physique de Sidna Omar, et en grande difficulté face à l’ennemi entendit Omar l’interpeller en prononçant ces célèbres paroles :  « Ya Saria, al djabal al djabal ». En d’autres termes, Sidna Omar, à mille lieux de Saria, en plein milieu du prêche, lui suggéra de prendre par les montagnes. Chose encore plus extraordinaire, il est rapporté que les gens qui étaient en présence de Saria ont entendu la voix de Sidna Omar !

17 – C’est le surnom qu’on lui donna pour avoir épouser deux des filles du Prophète : Rouqaya et Oum Kalthoum.
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